Pour répondre aux questionnements et aux inquiétudes des usagers des centres sociaux, l'ACSRV et la Maison de Quartier de Centre-Ville ont organisé le mercredi 16 mars une soirée débat consacrée à la situation en Ukraine. Plusieurs intervenants sont venus partager leur connaissance et leur expertise du sujet : Liudmyla LYTVYNOVA, ressortissante ukrainienne, Gilbert GARDIN, de l’association franco-ukrainienne Nadya Soleil, Jean-Claude TOLLET, du Mouvement pour la Paix, Dominique LEVY, d’Amnesty International, François LAROYENNE, professeur d'histoire.
Lettre d'introduction à la soirée de Jean CLAVERY, Président de l'ACSRV
M. le maire, Mme la maire-adjointe, Mmes-MM, chers amis,
bonsoir et bienvenue à cette soirée pour l'Ukraine et la paix.
Il y aura 3 semaines cette nuit que la guerre est revenue en Europe. Plus encore que le conflit qui avait enflammé les Balkans dans les années 90, le déchaînement de violence destructrice qui s’abat aujourd’hui sur l'Ukraine nous inquiète et nous concerne. Il nous inquiète, parce qu’à seulement 3 petites heures de vol d'ici, des millions de gens qui aspiraient comme nous à un bonheur tranquille se sont retrouvés du jour au lendemain plongés dans une spirale de souffrances inouïes ; qui plus est infligée par des voisins dont ils se croyaient frères, par l'histoire, par la culture, pour certains par la langue, et pour beaucoup par les liens familiaux.
Alors ce soir, bien-sûr, c’est d’abord vers le peuple ukrainien que vont nos pensées, nos cœurs, et aussi les actions concrètes par lesquelles nous souhaitons dorénavant leur témoigner notre solidarité. C'est pourquoi nous sommes honorés et heureux d’accueillir parmi nous Mme Liudmyla LYTVYNOVA, originaire de ce grand pays aujourd’hui endolori, et M. Gilbert GARDIN, de l’association franco-ukrainienne Nadya Soleil, basée à Cambrai.
Mais qu'on ne s'y trompe pas, il n'y a pas “eux” et “nous”. Dans notre univers globalisé, tout est lié. Et cette interdépendance croissante, en même temps qu'elle apporte ses bienfaits, expose de plus en plus la Paix du monde à des risques d’effets dominos dévastateurs. Or la paix nous concerne. Directement. Chacun de nous.
Elle nous concerne dans nos habitudes de vie : où achetons-nous et comment consommons-nous l'énergie et les produits qui contribuent à la qualité de nos vies ?
Elle nous concerne dans nos choix politiques : savons nous prendre soin de la démocratie ? Ou bien laissons-nous les dictateurs piétiner les droits humains les plus élémentaires ?
Elle interroge nos responsabilités éducatives : apprenons-nous aux enfants la coopération et la résolution non-violente des conflits ? Ou bien les laissons-nous se fourvoyer dans la compétition à outrance et les mirages d’une soi-disant réussite individuelle ?
Plus que jamais aussi, la paix – et la guerre - interpellent notre éthique de la vérité : la recherchons nous sincèrement ? Ou, comme tant de propagateurs de fake news, trouvons-nous commode de déclarer vrai ce que nous avons envie de croire, et aussi ce que nous pensons avoir intérêt à faire croire aux autres ?
Finalement, si la paix nous concerne autant, n'est-ce pas parce que la guerre s'attaque au cœur des valeurs civilisatrices qui nous humanisent ? Des valeurs qui, contrairement à ce que proclament les envahisseurs actuels de l'Ukraine, ne sont pas celles de l'Occident mais, d’Odessa à Valenciennes, en passant par Hong-Kong et St-Pétersbourg, sont bien celle de l'humanité toute entière : “Droits Humains” de l'ONU, “Liberté - Egalité - Fraternité” de notre devise républicaine, et, pour nous autres, militants de l'Education Populaire à laquelle appartiennent les centres sociaux, Solidarité, Démocratie et Dignité humaine.
Tout-à-l’heure, Jean-Claude TOLLET, du Mouvement pour la Paix, et Dominique LEVY, d’Amnesty International, nous en diront plus sur ce maintien de la paix si fragile et pourtant si vital.
Mais ce qui a déclenché l'initiative de vous rassembler que nous prenons ce soir, ce sont les questionnements et inquiétudes exprimés par les usagers de nos centres sociaux : pourquoi une crise d'une telle ampleur ? Pourquoi aussi soudaine ? Que devons-nous craindre exactement ? Comment en parler aux enfants ? Comment aider les Ukrainiens ? Et, finalement, pourquoi ce conflit ?
Sur ce dernier point - et avant une deuxième partie de soirée consacrée aux échanges -, je remercie M. François LAROYENNE, professeur d'histoire, d'avoir accepté notre invitation à éclairer de ses connaissances scientifiques notre compréhension de la folie qui se déroule à notre porte.
Jean CLAVERY, Président de l'ACSRV